Interview Leslie FranÇois Manigat.
Si c’était à refaire, je le referais", a déclaré ce lundi le professeur Lesly François Manigat, au cours d’une interview exclusive de plus d’une heure accordée au représentant de notre agence en Haïti Jean-Monard Métellus en réponse à une question concernant le discours très acide qu’il avait prononcé depuis sa résidence à la plaine du Cul de Sac, peu après la proclamation des résultats de la dernière présidentielle. L’ancien président qui n’a jamais accepté le fait que le CEP et un "secteur de la communauté internationale", selon ses propres mots, aient décidé de dénier au peuple "la pédagogie du second tour" en utilisant les votes blancs pour permettre au candidat de LESPWA d’avoir la majorité nécessaire pour être déclaré vainqueur de ces joutes estime qu’en dépit d’une exploitation politicienne de ses propos (le chien retourne à son vomi), les faits aujourd’hui prouvent qu’il avait bien raison car, partout dans le pays, la situation va mal et beaucoup de ceux qui ont "magouillé" pour concocter ce plan commencent à se demander s’ils avaient vraiment agi dans l’intérêt du peuple. Lesly Manigat reconnait toutefois que René Préval aurait pu, peut-être, gagner les élections, même dans l’hypothèse d’un second tour qui les mettrait face à face mais, il déplore le fait que l’expérience n’ait pas été tentée pour donner une chance à la démocratie tout en réaffirmant que le scénario mis en place n’était qu’une forfaiture, un coup bas comme le pays en a beaucoup connu. Revenant sur le choix du peuple pour la présidence, Lesly François St Roc Manigat n’a pu s’empêcher de penser à la situation d’un Antoine Simon (inculte et ancien chef de section) préféré à l’intellectuel de belle lettre qu’était Anténor Firmin pour conduire les destinées du pays ou à celle de Jésus Christ lui-même condamné au crucifix alors que Barabas était libéré par la populace qui était invitée à choisir entre les deux hommes. Dans la combine, l’ancien secrétaire général du RDNP n’a pas oublié ses anciens compagnons politiques (9 au total) qui avaient signé un pacte pour la convivialité et la modernité au terme duquel, ils devaient tous se mettre à travailler au profit de celui d’entre eux qui arriverait au second tour face au candidat incarnant la résurgence de l’ordre lavalas ancien (René Préval). "Ce sont les intérêts qui guident au mépris du respect de la parole donnée ou de l’engagement pris", a déploré M. Manigat qui a rappelé que depuis Dessalines la réalité a toujours été ainsi dans le pays et que ce volte-face indécent ne l’a guerre surpris. Questionné sur sa situation politique personnelle, l’historien et écrivain a indiqué avoir longtemps pris ses distances par rapport à la politique active (une forme de retraite) mais, il a pris soin de préciser, en pesant ses mots, que s’il y a une situation exceptionnelle qui nécessite que sa compétence professionnelle et « son bon passé politique » soient mis à contribution, dans le cadre d’un pouvoir de salut public par exemple, il accepterait volontiers car, un refus de répondre à l’appel de l’histoire aurait pu être considéré comme un geste d’apatride.